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Photo du rédacteurEugénie Ouerghi

Sémantique : les relations du sens lexical

Dernière mise à jour : 23 mai 2021



0. INTRODUCTION


► Signe linguistique

  • Signifiant

  • Signifié

► Représentation du langage sur deux axes

  • Axe syntagmatique

  • Axe paradigmatique


1a. MONOSÉMIE


1b. POLYSÉMIE

► Polysémie à travers les tropes

  • Métaphore

  • Métonymie

  • Synecdoque


1c. HOMONYMIE

► Classes d'homonymes

  • Homographie

  • Homophonie

  • Homonymie vraie


2a. SYNONYMIE

2b. ANTONYMIE


► Classes d'antonymes

  • Antonymie complémentaire

  • Antonymie gradable

  • Antonymie réciproque


3a. HYPERONYMIE

3b. HYPONYMIE

4a. HOLONYMIE

4b. MÉRONYMIE

5. CONCLUSION

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0. INTRODUCTION


La sémantique lexicale, des mots grecs sêmainein « signifier » (pour sémantique) et lexis « mot » (pour lexique), est l'étude du sens des mots d'une langue. L'appellation « sens lexical » équivaut par conséquent à « sémantique lexicale ». Les relations du sens lexical, ou relations sémantiques lexicales, consistent donc à faire des rapprochements entre différents mots ou expressions d'une langue, à travers leur sens. Des groupes découlent de ces études reliant le sens des mots entre eux comme les groupes qui vont être développés dans ces quelques pages, comprenant la monosémie, la polysémie et l'homonyie, la synonymie et l'antonymie, l'hyperonymie et l'hyponymie, et enfin l'holonymie et la méronymie. La notion du signifiant et du signifié est nécessaire pour comprendre le sens des mots, celui-ci étant bien souvent plus complexe qu'il n'y paraît.


► Signe linguistique


Le signe linguistique est un phénomène qui associe, comme l'a défini Ferdinand de Saussure, un signifiant et un signifié.


• Signifiant


Le signifiant est la partie du signe qui apparaît dans le monde matériel, ou sensible, sous une forme concrète, perceptible par les sens, comme la vue, le toucher ou l'ouïe. Il est le signe en lui-même. En linguistique, ce terme exprime l'« image acoustique » d'un mot, c'est-à-dire sa forme sonore. En d'autres termes, il s'agit de l'aspect phonologique d'une unité lexicale. Ainsi par exemple, la forme sonore du mot curiosité s'écrit /kyRjozite/. Toutefois, il est important de noter qu'une image acoustique n'est pas purement physique puisqu'il est parfaitement possible pour un individu de se formuler en lui-même, sans émettre le moindre son ni remuer les lèvres, des mots et des phrases toutes entières. Une image acoustique est, par conséquent, moins un son purement matériel que l'empreinte psychique et sensorielle de ce son.


• Signifié


Le signifié est une idée abstraite, un concept, présent non pas dans le monde sensible, comme le signifiant, mais dans un monde qui ressemblerait plus au monde dont Platon parlait, à savoir le monde intelligible. Alors que le signifiant est le signe en lui-même, le signifié de son côté est la représentation imagée du signe, la signification, ou figure de pensée, du signifiant. L'un est complémentaire de l'autre et réciproquement. Par exemple, si un individu décide au beau milieu de la nuit de sortir pour regarder le ciel et aperçoit une multitude de petites lueurs blanches scintiller, il associera instantanément ce concept perçu par ses yeux avec une image acoustique, à savoir [etwal] qu'il prononcera soit à haute voix, soit dans sa tête. Si par contre cet individu se trouve tranquillement chez lui à lire un livre quand soudain un ami lui téléphone, le pressant de se rendre sur le balcon pour admirer la comète « Hall Bop » qui est finalement visible maintenant que le ciel s'est dégagé, l'individu qui vient de recevoir cet appel va automatiquement, avant même d'avoir raccroché le téléphone et donc sans avoir encore aperçu le phénomène, associer un concept à l'image acoustique qu'il vient d'entendre, c'est-à-dire visualiser dans son esprit ce qu'est une comète.


► Représentation du langage sur deux axes


Le langage est construit selon deux axes. L'un des deux axes est horizontal, c'est l'axe syntagmatique, l'autre est vertical, c'est l'axe paradigmatique.


• Axe syntagmatique


L'axe syntagmatique, représenté horizontalement, concerne le signifiant. C'est donc sur cet axe que l'ordre des mots dans une phrase est déterminé. Par exemple, dans une phrase de type « Les requins sont si majestueux », un déterminant ouvre la phrase, suivi d'un nom, d'un verbe, d'un adverbe et c'est un adjectif qui ferme la phrase. Placer les mots d'une phrase de façon aléatoire, comme « Requins si les majestueux sont », est fatal pour la grammaticalité de la phrase, mais aussi pour le sens. C'est la raison pour laquelle le syntagme est primordial dans le langage.


• Axe paradigmatique


L'axe paradigmatique, représenté verticalement, concerne le signifié. Cet axe est tout aussi important pour le bon fonctionnement du langage que l'axe syntagmatique car il fait appel à l'expérience innée du locuteur sur le monde et agit directement sur le choix des mots eux-mêmes. S'il n'existait que le syntagme, les phrases seraient grammaticalement justes mais n'auraient aucun sens car le choix des mots serait aléatoire. Ainsi, les schémas de type déterminant, nom, verbe, adverbe, adjectif seraient respectés, mais pourraient ressembler à « Le requin chante érotiquement xénophobe ». Le syntagme et le paradigme sont par conséquent parfaitement complémentaires puisque l'absence de l'un ou de l'autre empêche le bon fonctionnement du langage.


1a. MONOSÉMIE


Le terme monosémie vient du grec monos « seul, unique » et sêmeion « signe, sens ». La propriété de la monosémie est, par conséquent, de n'avoir qu'un seul sens. En effet, la relation entre le signifiant et le signifié dans la monosémie est univoque. En d'autres termes un signifiant n'a qu'un signifié s'il est monosémique. Les termes spécialisés ont bien souvent cette propriété, de par leur singularité spécifique. Les termes monosémiques ne possèdent qu'une entrée lexicale dans le dictionnaire, et une unique signification leur est attribués. Ainsi par exemple, lorsqu'un individu cherche dans le dictionnaire le terme okapi, il ne trouvera qu'une seule définition associée à ce mot, et sous une unique entrée lexicale :



OKAPI [כkapi] n.m. (mot africain). Mammifère ruminant du Congo, voisin de la girafe, mais à cou plus court et à pelage rayé sur les membres. (Haut. au garrot 1 m ; genre Okapia, famille des girafidés.)




Comme okapi, tout terme qui n'apparaît que sous une seule entrée lexicale, sans numérotation interne de regroupement de sens, et qui n'est associé qu'à un seul concept, est un terme monosémique. Ainsi, l'adjectif emplumé (orné de plumes) ou le nom niaouli (arbrisseau) sont également monosémiques. Enfin, les termes monosémiques n'ont qu'un seul lexème, c'est-à-dire qu'ils n'ont qu'une seule origine lexicale, ce qui est absolument logique dans le sens où il n'ont qu'une entrée lexicale et qu'une signification attribuée à cette seule entrée.



1b. POLYSÉMIE


Le terme polysémie, qui vient des mots grecs polus « nombreux, abondant » et sêmeion « signe, sens », exprime le fait d'avoir plusieurs significations. Comme la monosémie, la polysémie n'a qu'une entrée lexicale, donc qu'un lexème, et entretient une relation entre signifiant et signifié. Cependant, alors que la monosémie a un seul signifié pour un signifiant, la polysémie a, de son côté, deux ou plus que deux signifiés pour seulement un signifiant. C'est en somme ce seul détail qui différencie la monosémie de la polysémie. Par ailleurs, tous les différents sens donnés à un terme doivent partager certains éléments commun, du fait que toutes ces significations viennent du même terme et, par conséquent, de la même origine lexicale. Ainsi, si un individu regarde les termes langue et zouave dans le dictionnaire, il se rendra compte qu'il s'agit de termes polysémiques puisque se trouvent, sous la même entrée lexicale, deux définitions conceptuelles distinctes :



LANGUE [lɑ̃g] n.f. (lat. lingua). I. Organe. 1. ANAT. Corps charnu, allongé et mobile, situé dans la cavité buccale et qui, chez l'homme, joue un rôle dans la déglutition, le goût et la parole. 2. Cet organe, servant à la parole. 3. BOUCH. Langue comestible de certains animaux (bœuf, veau). II. Système de communication. 1. Système de signes verbaux propre à une communauté d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et communiquer entre eux. 2. Langue formelle : système de symboles conventionnels défini par les seules règles de formation de ses énoncés, sans référence au signifié des symboles. 3. Langue de bois : manière rigide de s'exprimer en multipliant les stéréotypes et les formules figées, notamm. En politique. III. Sens spécialisé. Ce qui a la forme allongée et étroite d'une langue.



ZOUAVE [zwav] n.m. (de Zwava, nom d'une tribu berbère). 1. Soldat d'un corps d'infanterie français créé en Algérie en 1830 et dissous en 1962. 2. Fam. Faire le zouave : faire le clown, le pitre Le point commun parmi toutes les significations du mot langue est particulièrement clair puisqu'il s'agit de la première définition exprimée dans l'exemple ci-dessus, à savoir la partie anatomique du terme. De surcroît, une différence non négligeable apparaît instantanément aux yeux lorsque l'on compare la définition du terme okapi et celle de zouave ou de langue. Cette différence est la présence d'une numérotation interne dans la définition polysémique et l'absence de cette numérotation dans la définition monosémique. Cette division interne numérotée, représentant les multiples signifiés possibles qu'un signifiant exprime à lui seul, est la base de la polysémie. Cependant, la notion de polysémie s'élargit à des concepts plus complexes, comme le traitement de la polysémie par les tropes.



► Polysémie à travers les tropes


Les changements de sens opérés sur les mots ou expressions d'une langue peuvent aussi exister et se concrétiser avec l'utilisation des tropes. Les tropes sont des figures de style ou de rhétorique qui donnent aux termes un sens figuré. C'est précisément l'intervention des tropes dans la polysémie qui fait passer le sens d'un mot de propre à figuré. Comme mentionné plus haut, la caractéristique principale de la polysémie est la pluralité des significations, soit le changement de sens, d'un terme. Or, une des caractéristiques principales des tropes est justement, comme pour la polysémie, le changement de sens des termes ou expressions, à la précision près que ce changement de sens reste focalisé sur le passage de propre à figuré. Il existe une multitude de tropes différents, comme l'allégorie, l'euphémisme, l'hyperbole, l'ironie ou la litote. Seuls trois différentes formes de changement de sens dans la polysémie seront développés dans les points suivants, à savoir la métaphore, la métonymie et la synecdoque :

• Métaphore


Le terme métaphore, qui vient du grec metaphora, à savoir « transport », traduit une transposition, un transfert de sens. Le principe de la métaphore est de faire exister un terme concret dans un contexte abstrait, par le biais d'une comparaison implicite. Tout comme la polysémie, la métaphore comporte un signifiant doté de plusieurs signifiés. Il suffit qu'un sème spécifique du signifiant soit présent dans le signifié pour parler de relation métaphorique. Parfois, ces traits sémantiques communs sont très difficiles à retrouver ou à reconnaître. Mais en règle générale, on peut parler d'une similarité de signifiés. La métaphore est, de manière subtile mais inhérente, cohabitée par la polysémie.

Certains mots composés, du fait qu'ils apparaissent particulièrement imagés, sont métaphoriques. C'est le cas de gratte-ciel ou homme-grenouille. En effet, les gratte-ciel étant des immeubles atteignant de très grandes hauteurs, ils donnent l'impression de toucher le ciel, d'où ce nom imagé qui leur a été attribué. Homme-grenouille est un terme tout aussi métaphorique que gratte-ciel puisqu'il fait un rapprochement imagé entre les facultés incontestées des grenouilles pour les sauts et plus précisément les plongeons, grâce à leurs pattes postérieures rebondissant comme des ressorts, et les plongeurs équipés de scaphandres autonomes.


Parfois, ce sont des expressions idiomatiques qui présentent des aspects métaphoriques, comme l'expression péter les plombs. En effet, cette expression familière fait un rapprochement entre un court-circuit interrompant momentanément le courant dans les conducteurs, et la folie soudaine et généralement passagère qui peut s'emparer d'un individu.


Les métaphores par analogie de forme peuvent passer d'un terme concret à un autre terme concret, comme le terme caisse. En effet ce terme signifie, dans son sens propre, un coffre ou la carrosserie d'une voiture, donc quelque chose de concret, et dans son sens figuré, caisse signifie « voiture », c'est-à-dire une autre chose concrète. En revanche, il est fréquent que les métaphores par analogie de forme passent du concret à l'abstrait, comme le terme chien qui, dans son sens propre signifie un animal, donc quelque chose de concret, et dans son sens figuré devient une notion de difficulté, donc quelque chose d'abstrait, comme dans l'expression une vie de chien, c'est-à-dire « une vie difficile ».


Il existe une forme de métaphore parfaitement intégrée dans le discours quotidien de chaque individu. Cette forme de métaphore est dite « figée » car malgré les années, les décennies et même les siècles qui passent, ces métaphores ne changent ni ne disparaissent. Elles sont pleinement acceptées, et considérées comme faisant partie du langage à part entière. Leur utilisation est naturelle et spontanée. De ce fait, ces métaphores sont lexicalisées, c'est-à-dire qu'elles ont une place dans le dictionnaire. Ainsi, lorsqu'un individu cherche le mot « nuage » dans le dictionnaire, il trouvera, incluse dans sa définition, l'expression « être dans les nuages », qui signifie « être distrait ». « Nuage », dans ce cas, passe d'un terme concret, à savoir un « amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes maintenues en suspension dans l'atmosphère », à un terme abstrait, c'est-à-dire le fait d'être distrait.


La métaphore a, par ailleurs, la faculté de créer de nouvelles significations en attribuant des concepts nouveaux aux termes qu'elle utilise. En somme, cette figure de style peut conduire à la naissance de signifiés supplémentaires assignés à des signifiants déjà existants. De cette façon, lorsque la métaphore est utilisée dans un but stylistique, elle fait appel à l'imagination de la personne qui lui donne vie, mais également à l'esprit de la personne qui la reçoit, puisque cette métaphore n'est, contrairement à la métaphore figée, pas incluse dans le discours quotidien, ni, par conséquent, lexicalisée. Cette forme de métaphore purement rhétorique est appelée « circonstancielle », c'est-à-dire qu'elle peut être comprise uniquement par rapport à son contexte. En dehors du contexte dans lequel la métaphore circonstancielle apparaît, celle-ci n'existe pas. Par exemple, imaginons un père au foyer qui regarde ses enfants chahuter entre eux. Pris dans l'excitation de leur jeu, ceux-ci se mettent à bondir dans tous les sens et à pousser des cris de plus en plus forts et aigus. C'est alors que leur père, qui les examine depuis un moment, a soudain la sensation plutôt étrange que ses enfants ressemblent assez fortement à des petits bonobos, les poils en moins. Le soir, alors que la mère est rentrée du travail, le père s'approche de sa femme et lui lance : « Ce soir nous mangeons des haricots avec des galettes de tofu. C'est les bonobos imberbes qui vont être contents ! » A ce moment, la mère ne sait pas si elle a bien compris ce que son mari vient de dire. La confusion s'empare d'elle et les questions fusent dans sa tête. Elle ne parvient pas à faire le rapprochement entre des bonobos, dont elle ignorait qu'il en existait des espèces imberbes, et ses enfants. En réalité, comme la métaphore circonstancielle ne s'applique qu'à l'intérieur d'un contexte précis, tout individu qui n'a pas été informé des circonstances qui ont poussé à ramener un concept vers un autre ne pourra que très difficilement comprendre de quoi il est question.


Enfin, il existe un troisième type de changement de sens dans la polysémie, appelé catachrèse, qui sert à combler une lacune lexicale. Il s'agit en fait d'employer un mot au-delà de son sens propre, de détourner ce mot de son sens initial. Par exemple le terme dos signifie, dans son sens premier, la partie du corps qui s'étend des épaules jusqu'aux reins. Mais dos signifie également les parties de certains objets ou accessoires qui rappellent ce dos dans son sens premier, de par sa surface plane et le fait qu'il soit la partie postérieure d'un corps humain. Ainsi notamment, comme il n'existe pas de nom spécifique dans le lexique pour exprimer la partie d'un vêtement qui couvre le dos, ce manque lexical est comblé par analogie. D'autres lacunes lexicales, comme le dos de la cuillère, d'une chaise ou de la main, sont ainsi comblées avec cette forme de métaphore.


• Métonymie


La métonymie, qui vient du grec metônumia « changement de nom », est fondée sur la contiguïté qui existe entre deux concepts différents qui entretiennent un rapport logique de conséquence. Le procédé de cette figure de rhétorique consiste à exprimer un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept, cet autre concept étant inévitablement relié au concept initial par voie de coexistence.


Une des relations qu'utilise la métonymie est un rapport de contenu à contenant, comme dans l'expression « boire un verre », où le verre n'est en fait que le contenant de ce qui est buvable, à savoir l'eau, le jus de fruit, bref, le contenu. La métonymie utilise également des relations de cause à effet, comme dans « boire la mort », où la mort est en réalité l'effet du poison qui a été bu. D'autres relations sont utilisées dans la métonymie, comme celle consistant à évoquer un artiste quand il s'agit en réalité de l'oeuvre de cet artiste, comme dans l'expression « c'est un Van Gogh ». Il est important de noter que la métonymie est souvent accompagnée d'une ellipse, c'est-à-dire qu'un mot ou un groupe de mots est tout simplement enlevé de la phrase dont il fait partie. Par exemple, la phrase « c'est un Van Gogh » contient l'ellipse « tableau de » puisque la phrase initiale est : « c'est un tableau de Van Gogh ».


Tout comme la métaphore, la métonymie n'est pas utilisée uniquement à des fins esthétiques mais est, au contraire, très présente dans le langage courant car elle permet des expressions abrégées et frappantes. La métonymie a déjà donné naissance à bon nombre de sens nouveaux. Cette figure s'est si bien intégrée dans le discours commun qu'il y a énormément de mots qui ont une origine métonymique mais qui ne peuvent plus être exprimés comme des figures de rhétorique. Par exemple, le verre ne désignait initialement qu'une matière spécifique, mais au fil du temps, ce terme a été accepté pour exprimer, en plus de la matière, tout objet fait de verre et servant à boire.


• Synecdoque


La synecdoque, du grec sunekdokhê « compréhension simultanée », est très proche de la métonymie dans le sens où elle est également fondée sur la contiguïté de deux concepts différents, mais au lieu d'entretenir un rapport logique de conséquence, elle entretient un rapport logique de hiérarchie. De plus, le rapport qu'entretient la synecdoque entre le terme propre et le terme figuré est plus étroit que celui entretenu par la métonymie. Les relations traîtées par la synecdoque peuvent être de l'ordre de la partie pour le tout, comme voile pour bateau, du genre pour l'espèce, comme mortel pour homme, ou de la matière pour l'objet, comme fer pour épée.



1c. HOMONYMIE


L'homonymie, du grec homos «semblable» et onoma «nom», caractérise des mots qui se prononcent ou s'écrivent de la même manière, mais qui n'ont pas le même sens. En termes de signifiants et de signifiés, les homonymes entretiennent une relation entre plusieurs formes linguistiques ayant le même signifiant, tout en ayant des signifiés totalement différents. L'homonymie a deux entrées lexicales, parfois plus, et chaque entrée peut à son tour contenir un regroupement numéroté interne. Malgré une forme orale ou écrite identique, les termes homonymiques n'ont pas les mêmes origines sémantiques, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas issus des mêmes étymons. Ainsi par exemple, diète est un homonyme qui, dans ses origines latines, signifie, dans un premier temps, diœta « genre de vie », et dans un deuxième temps, dieta « jour assigné ».


1. DIÈTE [djεt]. n.f. (XIIIe ; lat. méd. diœta, gr. diaita « genre de vie »). Méd. Régime alimentaire particulier. Méd. et Cour. (XVIe ). Abstention momentanée d'aliments.




2. DIÈTE [djεt]. n.f. (1512 ; lat. méd. dieta « jour assigné »). Hist. Se dit d'assemblées politiques, dans certains pays d'Europe.




Dans cet exemple, les deux entrées lexicales de diète se distinguent par le chiffre qui apparaît avant le mot en majuscule et en gras. Cela signifie qu'il n'y a aucun trait sémantique commun entre les deux mots, même s'ils s'écrivent et se prononcent de manière similaire.


► Classes d'homonymes


La notion d'homonymie ne s'arrête pas là. En effet, l'homonymie peut se diviser en trois classes, à savoir l'homographie, l'homophonie et l'homonymie vraie.


• Homographie


Pour commencer, prenons la classe d'homonymes appelée homographie. Ce terme vient du grec homos « semblable, le même » et graphein « écrire ». La caractéristique des homographes est d'avoir la même forme graphique, c'est-à-dire la même orthographe, mais pas le même sens, et pas forcément la même prononciation. Par exemple est et est sont des homographes. En effet, dans une phrase comme « L'Ukraine est un pays se trouvant à l'est de l'Europe », le premier est, qui se prononce [ε], représente la troisième personne du singulier du verbe être, employé au temps de l'indicatif présent, alors que le second est, qui se prononce [εst], est un nom masculin invariable représentant l'un des quatre points cardinaux se trouvant à l'endroit du globe où le soleil se lève. Les homographes ont, par conséquent, deux entrées lexicales distinctes.


• Homophonie


Il existe également des homonymes qui possèdent la même forme phonétique, c'est-à-dire qu'ils se prononcent de la même manière, mais qu'ils n'ont en revanche pas la même orthographe, ni le même sens. Ces homonymes sont appelés homophones. Les homophones, de par leur forme graphique différente, ne se trouvent pas classés dans le dictionnaire de façon regroupée sous une numérotation externe, comme le sont les deux autres formes d'homonymes, mais de façon aléatoire, selon l'ordre alphabétique dans lequel ils doivent apparaître. Parmi les homophones les plus célèbres de la langue française se trouvent les fameux vair (fourrure), ver (lombric), verre (substance minérale), vers (strophe) et vert (couleur).


• Homonymie vraie


Pour finir, il existe des homonymes qui possèdent la même forme graphique, comme les homographes, mais également la même forme phonétique, comme les homophones. Cette forme d'homonymie est appelée homonymie vraie. Diète est un homonyme vrai puisque ses deux formes s'écrivent et se prononcent de la même manière, alors qu'elles sont issues de deux étymons différents, d'où leurs deux entrées lexicales respectives. L'homonymie vraie peut amener à des ambiguïtés de sens, comme dans une phrase de type : « La vieille alarme la copie ». En effet, cette phrase peut avoir deux significations différentes selon la nature des termes employés. Si alarme est un verbe et copie un nom, cette phrase décrit une vieille femme qui prévient un bout de papier d'un danger. Si en revenche alarme est un nom et copie un verbe, cette phrase décrit une espèce d'apppareil sonnant d'un certain âge qui imite ce que représente l'article « la ».


2a. SYNONYMIE


La synonymie, qui vient des mots grecs sun « avec » et onoma « nom », exprime une relation entre deux ou plusieurs termes de forme lexicale différente, qui ont une signification quasi identique. La synonymie n'a qu'un seul signifié pour plusieurs signifiants. Une équivalence syntaxique est obligatoire entre synonymes. C'est pourquoi un verbe par exemple ne peut en aucun cas être le synonyme d'un nom. Lorsqu'un mot peut être remplacé par un autre mot sans que le sens initial de la phrase ne soit modifié, alors ces deux mots sont des synonymes. Ainsi, « lancer une balle » peut être remplacé par « envoyer une balle ». Toutefois, il arrive que des différences de niveau de langue, comme policier et flic, puissent poser problème. De plus, deux synonymes peuvent être parfaitement interchangeables dans un certain contexte, et ne plus l'être dans un autre contexte. Par exemple, « lancer une entreprise » ne peut pas être remplacé par « envoyer une entreprise », car dans ce cas précis, cette phrase n'a plus aucun sens. La raison à cela est que le terme « lancer » est un homonyme, et chacune de ses deux entrées lexicales est polysémique. Donc « lancer » est un synonyme d' « envoyer » lorsque le signifié du signifiant « lancer » exprime l'action de faire se déplacer quelque chose de manière vive d'un endroit à un autre, souvent grâce à la seule force du poignet. En revenche, « lancer » est un synonyme de « promouvoir » lorsque le signifié du signifiant « lancer » exprime le fait de tout faire pour faire connaître et marcher une affaire commerciale. Par ailleurs, la synonymie est très utile pour éviter des répétitions ou apporter des nuances à la langue.



2b. ANTONYMIE


L'antonymie, du grec anti « contre » et onoma « nom », représente deux termes de formes lexicales différentes, c'est-à-dire deux signifiants, dont le signifié a un sens opposé. Les termes antonymiques peuvent être considérés comme contraires. Cependant, certains termes contraires ne peuvent pas être considérés comme antonymiques, et cela tient au fait que deux termes antonymiques ont la caractéristique d'être liés entre eux par une partie de leur signification, tout en s'opposant. Par exemple, les termes mâle et femelle sont antonymiques car, bien qu'il soient contraires, ils sont unis par ce qui les définit, à savoir le sexe. De plus, les antonymes doivent, comme les synonymes, être syntactiquement équivalents. C'est pourquoi le nom mâle ne peut pas être l'antonyme de l'adjectif féminin, même s'ils ont le même dénominateur commun.


► Classes d'antonymes


L'antonymie peut se diviser en trois parties : l'antonymie complémentaire, gradable et réciproque.


• Antonymie complémentaire


L'antonymie complémentaire, qui comprend des couples antonymiques tels que éveillé/endormi, vivre/mourir, féminin/masculin, coloré/incolore, mobile/immobile, propreté/saleté, s'applique à tous les antonymes qui ont une relation de réalisation ou de non réalisation d'une propriété. L'affirmation d'un terme amène obligatoirement à la négation de son antonyme complémentaire. Par exemple, si quelqu'un est présent à une réception, cela signifie qu'il n'est pas absent. Si cette personne est absente en revenche, alors elle n'est pas présente. En termes mathématiques, cette notion d'antonymie complémentaire peut s'exprimer telle que +P(x) = -Q(x), ou -P(x) = +Q(x).


• Antonymie gradable


L'antonymie gradable se rapporte à tous les antonymes qui entretiennent une relation échelonnée, qu'il s'agisse de la taille (grand/petit), du poids (lourd/léger), de la température (chaud/froid), du goût (bon/mauvais), de qualités physiques (beau/laid), etc... À la différence des antonymes complémentaires, l'affirmation d'un terme ne signifie pas forcément la négation de son antonyme gradable. En effet, alors qu'il est irréfutable d'affirmer que si un individu est vivant, cela signifie qu'il n'est pas mort, il est en revenche erroné d'affirmer que si un individu n'avance pas, il recule forcément, puisqu'il est possible de rester à l'arrêt, donc ni d'avancer, ni de reculer. Dans ce cas, être immobile est l'élément neutre du couple antonymique avancer/reculer. Et tout couple antonymique qui possède un ou plusieurs éléments neutre est gradable.


• Antonymie réciproque


Les antonymes réciproques ont une relation d'appartenance et sont permuttables. Ainsi par exemple, si Pierre est le père de Nils, alors Nils est le fils de Pierre. Si Mary possède une maison, alors cette maison lui appartient. Si Denis offre un cadeau à Ralph, alors Ralph reçoit ce cadeau. On ne peut pas être père si l'on n'a pas d'enfants, on ne peut pas posséder si rien ne nous appartient, on ne peut pas offrir sans que quelqu'un reçoive.


3a. HYPERONYMIE


L'hyperonyme, qui vient du grec huper « au-dessus, au-delà » et onoma « nom », est une sorte de synonyme faisant directement référence à un niveau de généralité supérieur. Un hyperonyme, aussi appelé terme superordonné, représente le terme général d'une certaine branche. Par exemple, le terme mammifère est un hyperonyme car c'est une branche principale donnant naissance à une série de sous-branches, comme les termes baleines, félins ou humains. Certaines sous-branches peuvent à leur tour devenir des hyperonymes, comme le terme « félin », qui est la branche mère des sous- branches léopards, lions ou tigres. Ces sous-branches sont appelées des hyponymes.



3b. HYPONYMIE


L'hyponymie, du grec hupo « au-dessous, en deçà » et onoma « nom », est la relation hiérarchique, de type implicatif, entre un terme sous-ordonné et un terme superordonné. L'hyponyme est un terme sous-ordonné, qui fait partie d'un terme superordonné, à savoir l'hyperonyme. Ainsi par exemple, le terme jupe est un hyponyme, faisant partie de l'hyperonyme « vêtement », tout comme les termes canari, perruche et manchot sont trois hyponymes, faisant partie de l'hyperonyme « oiseau ». L'une des caractéristiques d'un hyponyme est que l'on peut toujours se référer à lui comme étant « une sorte de ... » et faire référence à l'hyperonyme dont il fait partie. Par exemple, des sandales sont des sortes de chaussures. Un hyponyme est souvent un terme spécifique.


4a. HOLONYMIE


L'holonymie, qui vient des mots grecs holos « entier » et onoma « nom », relie de façon hiérarchique une partie à un tout. Ainsi par exemple, maison est l'holonyme de tout ce qui détermine qu'une maison est une maison, comme les fenêtres, les portes, le toit et les murs. L'holonyme représente le tout, et les parties appartenant au tout sont les méronymes.


4b. MÉRONYMIE


La méronymie, du grec meros « partie » et onoma « nom », est une relation hiérarchique de type implicatif, comme l'hyponymie, dont la fonction est de lier la partie au tout. Un méronyme est la partie d'un tout, c'est-à-dire d'un holonymne. Par exemple, nombril, poumons, peau, sang et nez sont des méronymes de corps, car il s'agit de parties distinctes appartenant au tout « corps ». De même, feuille est un méronyme d'arbre, page un méronyme de livre, soleil un méronyme d'univers.


5. CONCLUSION


L'étude du sens des mots met en évidence que certaines caractéristiques présentes dans le sens des mots peuvent être réunies avec d'autres caractéristiques sémantiques. Il est reconnu par exemple que la monosémie et la polysémie sont étroitement liées par une relation de signifiant signifié ; que la synonymie et l'antonymie ont en commun l'opposition même de leur définition ; que l'hyperonymie et l'hyponymie sont directement liées l'une à l'autre par une dépendance mutuelle hiérarchique. Ce qui est moins reconnu mais tout aussi évident est par exemple que la polysémie et la synonymie entretiennent une relation en croix du fait que la polysémie a un signifiant pour plusieurs signifiés quand la synonymie a plusieurs signifiants pour un signifié ; que l'hyponymie et la monosémie sont souvent des termes spécifiques ; que la synecdoque et la synonymie sont toutes deux composées de la racine grecque sun, qui signifie « avec » ; ou encore que la synecdoque entretient, comme l'holonymie et la méronymie, une relation hiérarchique liant la partie au tout. Ces relations sont donc toutes liées les unes aux autres par une force commune, et cette force est appelée le sens lexical.

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